vendredi 13 janvier 2012

Le Carnage de Polanski





Je sais ! Ça fait longtemps. J'avais presque oublié ce blog. Non que mon intérêt pour le cinéma fut moindre, mais j'avais besoin d'un break...

Forcé aussi d'admettre que l'année cinéma fut plutôt tranquille. Plusieurs films sympathiques ont pris l'affiche, mais rien de marquant. Du lot, j'ai retenu le surprenant "Warriors" de Gavin O'Connor avec Tom Hardy et Nick Nolte. Lorsqu'on va voir un film de combat extrême et qu'on sort de la salle avec les larmes aux yeux, c'est parce que le film a dépassé nos attentes.

Mais bon, si je suis de retour, c'est pour vous parler du dernier Polanski. Tiré de la pièce Le dieu du Carnage de Yasmina Reza, ce nouvel opus du réalisateur en exil est grinchant à souhait. Une fois encore, il prouve qu'il est le maître des huis clos ! Tout le film se déroule presque entièrement dans une seule pièce mais n'allez pas croire que ça pue le théâtre filmé. Au contraire, la mise en scène est omniprésente.

Mais commençons par vous mettre en contexte. Deux couples sont réunis pour régler à l'amiable une altercation entre leurs enfants. L'un a donné un coup de bâton à l'autre, arrachant une dent au passage.

De cette prémisse toute simple Reza/Polanski en tire un portrait vitriolé de notre société. Car si les deux couples sont - en apparence - de bonne foi, ils bouillent littéralement de l'intérieur et la marmite ne tarde pas à sauter. Les "belles valeurs" auront la vie dure.

Dès le départ, la dynamique est claire: les parents de jeune agresseurs veulent repartir au plus vite et l'autre couple ne demande pas mieux qu'à les mettre à la porte. Mais voilà ! Chacun est soucieux de bien paraître. L'un pour s'assurer que les frais du dentiste seront payés. Et l'autre pour s'assurer de ne payer uniquement que les frais du dentiste. Le plus petit malentendu doit être aplanie. Après tout, se sont des gens civilisés...

Après moult politesses entrecoupées de commentaires acerbes aussitôt excusés, les choses dégénèrent définitivement.

Le "body langage" des personnages est tordant. Leurs déplacements dans la pièce causent un éclat de rire presque à chaque fois. J'exagère un peu mais les sous-entendus sont tellement nombreux que le moindre geste devient porteur d'une charge comique. Ne perdez pas de vue le miroir du salon, son reflet ne manque jamais de nous faire rire.

La véritable moteur de cette comédie provient incontestablement de sa lucidité. À mesure que le méchant sort, les deux hommes ne peuvent s'empêcher d'être d'accord sur le principe, ce qui irritent d'autant plus leurs femmes. Lorsque celles-ci tentent d'être solidaires à leur tour, il n'en résultent que plus de méchanceté, ce qui amusent les deux hommes qui pourtant se méprisent cordialement.

Les grands vainqueurs de ce duel d'acteurs sont Christopher Waltz et Kate Winslet dans le rôle des parents du jeune agresseur. Waltz incarne un avocat roublard sans cesse interrompu par la sonnerie de son portable. Il se fiche complètement de cette mascarade. Il jette sans cesse de l'huile sur le feu avant de répondre au téléphone. À ses coté, Kate Winslet passera de petite bourgeoise compréhensive à dégénérée complète. C'est à voir !

Quant au couple modèle que forme Jodie Foster et John C Reilly, il se fissurera sous nos yeux pour notre plus grand plaisir.

C'est à un plaisir cynique que vous convie Roman Polanski avec son Carnage mais quelle rigolade !