mercredi 9 février 2011

LES AVENTURES D'ADÈLE BLANC-SEC

Luc Besson a révolutionné le cinéma français populaire des années 80 avec des films originaux, atmosphériques et décalés: Subway, le Grand Bleu ou Nikita ont tous été accueillies comme des révélations par le grand public. Les années 90 furent plus sages: Léon, Le Cinquième éléments et Jeanne d'Arc s'inscrivaient dans une démarche hollywoodienne et comme beaucoup de "prophètes en leur pays", invités par Hollywood, il est retourné au bercail la tête basse. Dans les années 2000, l'enfant prodigue s'est reconvertie en "international producer", produisant des films d'action survoltés et ne commentant à titre de réalisateur que Angel-A, unanimement boudé. C'est avec l'adaptation du bande-dessinée de Tardi intitulée "Les aventures d'Adèle Blanc-Sec" que Besson fait son retour, espérant renouer avec le succès populaire.

L'histoire en une phrase: Pendant qu'un ptérodactyle sème la panique dans Paris au début du XX siècle, Adèle Blanc-Sec tente de ressusciter une momie susceptible de guérir sa soeur mourante.


La filiation entre Indiana Jones et Les aventures d'Adèle Blanc-Sec est beaucoup trop évidente. Venant d'une série B, on aurait pu le pardonner mais de la part de Luc Besson, c'est décevant. Au début du film, dans une pyramide égyptienne, lorsque Adèle Blanc-Sec doit mettre du sable dans la balance pour faire contrepoids et s'emparer ainsi de la momie, la référence à la scène d'ouverture de l'Arche perdue crève les yeux ! Idem pour l'explosion qui s'en suit, la course folle d'Adèle pour sortir de la pyramide rappelle trop l'énorme pierre qui roulait derrière Indiana Jones. Même l'ennemi juré d'Adèle Blanc-sec est calqué physiquement sur l'agent S.S. tout vêtu de noir qui pourchassait l'archéologue dans le premier film. Ce même personnage qui emprunte une réplique célèbre de la trilogie lorsqu'il dira : "Bon voyage, madame Blanc-Sec" avant de pousser un rire gras à la fin du film... Bon, on aurait pu le pardonner si le divertissement avait été à la hauteur. Mais non ! La touche magique n'y est pas. On sent le studio à plein nez. C'est trop propre, trop bien éclairé, trop caricaturé pour qu'on y croit.


Le film cherche constamment à installer une atmosphère fantaisiste digne des films de Jean-Pierre Genet mais sans y parvenir. Pourquoi ? Difficile à dire. L'histoire se perd d'une part, vivote, prêche par excès de rebondissements farfelus. Les personnages sont trop caricaturés pour qu'on les prennent aux sérieux et pas assez comique pour nous faire rire. Il y a bien sûr cette atmosphère de studio qui gomme tout l'esthétique du film et ses effets spéciaux qui ne sont pas très crédibles. Le même film au début des années 80 aurait certainement fait bonne figure mais 30 plus tard, c'est 30 ans trop tard.


Quelques scènes restent amusantes et Louise Bourgoin dans le rôle d'Adèle Blanc-Sec s'en tire à bon compte. En espérant que le prochain film de Luc Besson aura plus l'air d'un film de Luc Besson.

mardi 1 février 2011

FUNKY NIGHTS


Il y a déjà plusieurs années que le cinéma québécois a trouvé ses aises, il n'a plus rien à envier au cinéma américain ou européen. Avec Funky Town, la preuve est faite que nous sommes capable de faire des films épiques...à l'américaine (sic!)

La trame du film est composée d'un foisonnement d'histoires qui s'entrecroisent autour d'un même sujet : la discothèque Starlight (alias le Limelight de montréal). Nous sommes en 1976 et les seventies battent leur plein. Nous suivons Bastien Lavallée (Patrick Huard) qui anime une émission de danse en direct du Starlight en compagnie d'un chroniqueur mondain "très jet set" (Paul Doucet). C'est le party, sex drogue et disco ! Et puis, c'est la descente au enfer, le disco est mort, c'est le référendum de 1980 et le party est fini.




Si le Funky Town s'inspire librement de la vie d'Alain Montpetit et Coco Douglas Leopold, deux animateurs bien connus des québécois, la facture du film se veut résolument hollywoodienne, difficile par ailleurs de ne pas reconnaître l'influence de films comme Boogie Nights et Studio 54. Coté performance d'acteurs, Patrick Huard est honnête, tout comme Raymond Bouchard, Geneviève Brouillette, Justin Chatwin et les autres, mais celui qui se démarque avec brio, c'est Paul Doucet en homosexuel extraverti, anglophone faisant carrière dans le milieu francophone.




Le film est rythmé, intéressant, son portrait du Montréal des années 70 étonne et néanmoins, malgré tous ses qualités, Funky Town sent la recette à plein nez, le film "branché", manichéen et moralisateur. Ces quelques défauts ne gâchent pas notre plaisir mais, quand on sort d'une projection avec l'envie de revoir les "classiques du genre", forcé d'admettre que le film n'a pas su se démarquer...