jeudi 21 avril 2011

LES PETITS MOUCHOIRS: Petits secrets entre amis

S'immiscer pendant 2h30 dans les petits secrets d'une bande de copains aurait pu devenir fastidieux. Mais non ! Avec une bonne dose d'humour, une belle dynamique de groupe et une brochette de personnages passés maîtres dans l'art de se mentir à soi-même, "Les petits mouchoirs" nous renvoie à cette fameuse poutre qu'on a dans l'oeil. À mi-chemin entre le drame et le feel good movie, Guillaume Canet signe une oeuvre lucide, habile et divertissante, un joli clin d'oeil à nos actes manqués...

Résumons l'histoire: Même si l'un d'eux vient d'avoir un grave accident, un groupe d'amis décide quand même de partir en vacances tel que prévu.


Dès les premières images du film, le ton est donné: ambiance festive, surannée, sur laquelle le drame tisse sa toile. La force des "Petits mouchoirs", c'est justement ce goût du plaisir que porte les personnages. Sans jamais tomber dans la caricature ou les stéréotypes, Canet a choisi de mettre en scène des gens ordinaires dans une situation qui sort à peine de l'ordinaire, d'où cette impression d'authenticité qui sert autant l'humour du film que ses moments plus dramatiques. D'abord comique, on comprend vite que les travers de chacun s'avèrent lourds à porter au quotidien. Le but des vacances, c'est de s'amuser et quoi qu'il arrive, la fête doit continuer. Le plaisir donc, à tout prix, que les silences puis les aveux viendront troubler. Le bord de mer, la plage et les excursions bâteaux empêchent les révélations d'alourdir l'intrigue. Le scénario est d'autant plus habile que jamais le récit ne verse dans le film à sketch où chaque personnage aurait son épisode. Au contraire, tout le film est bercé par une dynamique de groupe où le regard des autres devient primordial. Autre idée rafraîchissante, on évite le discours sur les classes sociales, issus de différents milieux, les personnages sont d'abord unis par une amitié de longue date.


Les interprétations sont impeccables, en particulier François Cluzet et Mario Cotillard qui dominent la distribution avec des personnages légèrement plus importants que les autres. La réalisation de Guillaume Canet est posée, méthodique, scrutant ses comédiens à la loupe, soucieux de mettre en évidence les nuances de leur jeu, les non-dits, les contradictions de chacun. En prime, la finale est particulièrement touchante. Conclusion: un film à voir et à méditer.

jeudi 14 avril 2011

Quand vulgarité rime avec originalité...ou presque

"Son altesse" essaye d'être à la fantasy ce que Austin Powers fut à James Bond, c'est-à-dire une parodie scabreuse où les codes du genre sont avalés tout rond pour être ensuite expulsés sous forme de jokes scatologiques. Ici, toutefois, ce sont les perversions sexuelles qui sont à l'honneur... et pas les moindres. Repoussant les limites de la vulgarité dans l'espoir de nous faire rire, les créateurs du film ont choisi la provocation comme cheval de bataille. Dépourvu de créativité mais non d'audace, "Son altesse" pourrait aussi bien gagner le razzies du pire film de l'année que devenir un film culte. Allez savoir.

Résumons: Un preux chevalier, accompagné par son frère aussi taré que libidineux, vole au secours de sa fiancée enlevée par un méchant sorcier.

À voir son casting prestigieux, ses effets spéciaux réussis et son budget respectable, on se dit que le projet devait susciter beaucoup d'espoir chez les producteurs. De fait, "Son altesse" n'est pas une comédie comme les autres. Sa proposition est audacieuse: être vulgaire jusqu'à la limite du 13+. Ceux qui trouvaient "American pie" culotté devront attacher leur ceinture avant d'aller voir  le fil de David Gordon Green (Ananas Express). La moralité n'a jamais eu si mauvais goût. L'objectif est clair: nous faire rire jaune, tourner les tabous en ridicule. Sodomie, pédophilie et castration sont au menu, le tout nappé d'un langage vulgaire. Cela dit, la présentation est impeccable: les décors, les effets spéciaux, même la réalisation n'est pas fauchée, ce qui est plutôt rare pour une comédie de cette acabit.

Malheureusement, plus le film avance et moins les rires sont nombreux. D'un part, on s'habitue au concept. D'autre part, la provocation oublie parfois d'être drôle, misant trop facilement sur le malaise pour déclencher le rire. Si James Franco nous amuse en preux chevalier, Nathalie Portman semble inconfortable dans ce "teenage movie" qui mise uniquement sur sa beauté. Quant à Danny McBride dans rôle du con, il n'a pas le talent d'un Jim Carrey ou d'un Will Farrell pour nous faire avaler ses pitreries.

En résumé, "Your Highness" ne se déguste pas, il s'avale tout rond. Au bout de quelques heures, il n'en restera probablement rien mais il est possible que l'envie vous reprenne quelques mois plus tard...en DVD.

mardi 12 avril 2011

HANNA: Un Petit chaperon rouge à la sauce Jason Bourne

Le mélange des genres au cinéma est toujours une entreprise risquée. Cette fois, le film d'action côtoie le conte pour enfant. Imaginez un Petit Chaperon Rouge à la sauce Jason Bourne et vous obtenez ''Hanna'' de Joe Wright, un film d'action efficace doté d'une ambiance inusitée, proche de la fable, riche en surprises, mené tambours battant et qui nous tient en haleine presque jusqu'au bout. Dommage que la finale tombe à plat.

Résumons l'histoire: Une fillette élevée dans la forêt par son père, un espion en fuite, devra mettre en pratique ses techniques de survie pour échapper à l'organisation secrète qui les pourchasse.

Ceux qui ont aimé la série Jason Bourne seront séduit par ''Hanna'' qui reprend le thème de la quête d'identité, les combats spectaculaires et bien sûr, l'impitoyable chasse à l'homme. La jeune Saoirse Ronan est parfaitement crédible en tueuse experte. Par ailleurs, la musique techno de Chemical Brothers donne à certaines scènes des allures de ''Cours Lola cours''.

Cate Blanchett, à la tête de l'Organisation, se délecte dans son rôle du Grand Méchant Loup. Belle et froide, elle se comporte en véritable prédateur. Tant les références que la mise en scène de Joe Wright évoquent le conte pour enfant. À travers cette chasse à l'homme effrénée, la jeune fille prendra conscience qu'elle est une adolescente et c'est ce qui permet à ''Hanna'' de se démarquer, ce passage de l'enfance au monde adulte au coeur même du film d'action.

Malheureusement, le réalisateur se laisse prendre à son propre jeu et la finale sombre dans la métaphore pure et simple, dénudée de logique et pauvre en action. L'autre problème vient du personnage d'Eric Bana, non pas l'acteur qui livre une belle performance, mais de ce père dont les motivations profondes ne sont pas très claires, voire même douteuses. On comprend, après coup, que le but n'était qu'un prétexte pour stimuler l'action et c'est bien dommage.

Cela dit, on passe un bon moment, l'action est au rendez-vous, la musique est bonne et l'ambiance du film place ''Hanna'' dans une catégorie à part. Comme dans un conte pour enfant, la magie opère à condition de ne pas trop se poser de questions...

jeudi 7 avril 2011

BUMRUSH: The Expendables vs Boyz N' the hood

Michel Jetté avait pris tout le monde par surprise avec "Hochelaga", voyage initiatique d'une recrue au pays des motards criminalisés. Son "Histoire de pen" était moins percutante mais tout aussi cinglante. Avec Bumrush, Jetté hésite entre l'étude sociologique des milieux criminels (sa marque de commerce) et le film d'action typique des années 80. Mauvais mélange...

Alors qu'un gang de rue tente d'infiltrer son établissement, le propriétaire d'un bar de danseuses fait appel à ses veux potes, d'anciens vétérans de l'armée, pour faire le ménage au sein du crime organisé.

Il y a deux volets à ce film. D'une part, l'étude sociale du monde criminel auquelle Michel Jetté nous a habitué. La hiérarchie des gangs, l'enjeu des territoires et leurs méthodes peu orthodoxes composent une toile du fond riche et fascinante. Le problème vient des personnages principaux, les bons gars, ces ''videurs'' plus grands que nature, modelés sur les ''action heros'' de nos voisins du sud. Ces ''gros bras'' ne collent tout simplement pas avec le reste du film. On dirait ''the Expendables'' contre ''Boyz n' the hood''. Avec une dégaine à la Bud Spencer, Pat Lemaire et ses ''frères d'armes'' se battent comme Steven Seagal, manient les armes comme Rambo et causent comme Patrick Swayze dans Road House. On a presque droit au fameux : ''Cette fois-ci, c'est personnel ! ''.

Michel Jetté n'a jamais été reconnu pour sa direction d'acteurs. Plusieurs répliques sonnent fausses, à l'image de cette mise en scène tapageuse. On se demande où Michel Jetté voulait en venir. Ni film d'action, ni film d'auteur, Bumrush tire dans toutes les directions sans toucher quoi que ce soit.

C'est dommage dans la mesure où la cinéma québécois produit peu de films réalistes sur le milieu criminel et les précédentes oeuvres de Michel Jetté avaient l'avantage de poser un regard personnel sur un univers brutal et omniprésent dans notre paysage médiatique. Espérons qu'il reviendra à ses premières amours au lieu de lorgner du coté d'Hollywood.

mercredi 6 avril 2011

LES COLIS: TROP VITE EXPÉDIÉ

Suis-je trop facile à prendre au jeu ? Oui c'est cucu, mélo, facile et moralisateur...mais tellement sympathique ! Comédie sans prétention saupoudrée de bons sentiments, Le Colis n'ira pas aux Oscars, c'est certain, mais vous passerez un bon moment et oui, on rit, les situations cocasses ne manquent pas, les éclats de rire sont nombreux et le sourire nous reste accroché au visage durant toute la projection. Pas un grand film mais diablement agréable !


Résumons la prémisse: un livreur maladroit kidnappe, pour le compte d'un escroc, un riche entrepreneur qui s'avère être un joueur compulsif totalement ruiné.


La réalisatrice Gaël D'Ynglemare en doit une à Francis Veber. Son livreur est calqué sur le fameux personnage de François Pignon, maladroit au grand coeur qui s'embourbe constamment dans ses propres gaffes. Emmanuel Bilodeau est excellent comme toujours dans ce rôle la fois drôle et touchant d'un homme incapable de subvenir aux besoins de sa famille. Gildor Roy s'avère moins crédible dans la peau du riche entrepreneur. Il joue la comédie alors qu'il fallait jouer le drame...le résultat aurait été plus drôle. La jeune Alice Morel-Michaud est adorable dans le rôle de la petite fille à son papa et Evelyn de la Chenelière est charmante en épouse de ce même papa. En revanche, les personnages secondaires sont caricaturés à outrance et brisent ce fragile équilibre qui empêche souvent les comédies de sombrer dans le ridicule. François Léveillé, Jean-Marie Corbeille et Jean-François Mercier jouent comme s'ils étaient sur la scène du Festival Juste Pour Rire, nuisant du coup à la crédibilité de certaines scènes. À leur décharge, la caricature outrancière semble être le parti pris de la réalisatrice.




Mais bon ! Cela n'empêche pas de rire et de passer un bon moment pour peu que l'on se prête au jeu de bonne foi...

LE CODE SOURCE : LA SOURCE DU CODE

Depuis Matrix, le thriller psychotronic est devenu un sous-genre prestigieux. De Total Recall à Inception en passant par Existenz et Paycheck, la psyché humaine et particulièrement la mémoire semble devenue un enjeu convoité par les tout-puissants de ce monde. Sans égaler Inception, le Code Source offre à la science-fiction une nouvelle oeuvre intelligente, originale et audacieuse.

Résumons le concept: Un pilote de l'armée participe à un programme expérimental qui consiste à se projeter dans la psyché d'une personne et revivre les 8 dernières minutes de sa vie. Le but étant de découvrir l'identité d'un terroriste qui a fait exploser un train.


Au départ, l'idée de revivre ces 8 minutes à répétition comme dans Le Jour de la Marmotte ne m'enchantait guère. De fait, la première partie du film m'aurait paru laborieuse n'eut été de l'état d'esprit du pilote (Kake Gyllenhaal) qui participe à cette expérience malgré lui. Du film concept, on passe au suspense bicéphale et franchement, c'est là que réside toute la richesse du Code Source. On ne se contente pas de pourchasser un terroriste, on s'interroge sur les implications d'une technologie comme celle-là.


De le décrire comme un croisement en Minority Report et Groundhog Day est un peu réducteur mais bon, la filiation paraît inévitable. Cela dit, le résultat est surprenant et terriblement efficace. Jake Gyllenhaal est crédible comme tout le reste de la distribution. Tourné à Montréal, le train est rempli de visage familiers qui feront sourire les spectateurs québécois. La réalisation de Duncan Jones est honorable sans vraiment attirer notre attention.


En sommes, Le Code Source s'inscrit dans la tradition des oeuvres de science-fiction intelligentes, à la fois cérébrale et touchante, un heureux mélange qui ravira les amateurs du genre.

vendredi 1 avril 2011

JALOUX

Le cinéma de genre made in Québec peine à prendre son envol. Il suffit de lire le désaveux public du scénariste d'Angle Mort récemment dans les journaux pour s'en convaincre. Le problème avec ce genre de films, c'est qu'on en a vu d'autres, beaucoup d'autres. Quand on s'embarque là-dedans, y vaut mieux avoir une carte secrète dans sa manche, sinon on compare et on se désole. Ça prenait de l'audace pour tourner "Jaloux" sans l'aide financière du gouvernement... dommage que cette audace soit absente du scénario. Une demie réussite.


Résumons l'histoire: un couple sur le point de rompre se réfugie dans un chalet en campagne où ils subissent le harcèlement d'un voisin mystérieux.



La comparaison avec "Harry un ami qui vous veut du bien" est pratiquement inévitable mais passons outre. Le fait que "Jaloux" soit une production autofinancée me plaisait beaucoup, impatient que je suis de voir un film vraiment indépendant briller sur nos écrans. J'étais moins emballé à la perspective que l'improvisation soit à l'origine de certaines scènes du film. On improvise pas un suspense ! De fait, la dynamique du couple apparaît surlignée, ne laissant aucune place au non-dit. On a l'impression par moment d'assister à une improvisation mixte ayant pour titre "la jalousie", surtout dans la première partie du film.


Sophie Cadieux s'en tire bien, insufflant à son personnage une fausse naïveté qui nous donne parfois envie de la gifler et c'est tant mieux ! C'est ça le cinéma. En revanche, Maxime Dénommé ne semble pas avoir beaucoup creusé le psychologie de cette pâte molle qui regarde un étranger lui voler sa blonde sans réagir. Son jeu manque de bouillonnement intérieur, laissant à la mise en scène le soin de nous montrer ses malaises. Peut-être était-ce voulu ainsi mais le résultat sert mal les talents du comédien. Enfin, dans la peau du voisin, Benoît Gouin est inquiétant à souhait, bien que la catharsis de son personnage arrive trop tard. On aurait aimé qu'il éclate plus tôt, surtout que sa nature instable nous est présentée dès les premières images du film.


La réalisation de Patrick Demers se cherche un style. Il filme l'action avec une économie de plans, presque minimaliste mais pas assez pour que cela devienne un parti pris, du coup on se demande si c'est volontaire ou s'il a manqué de temps pour filmer les scènes à sa convenance.


L'histoire prend toutefois son élan en deuxième partie, lorsque l'identité du voisin est enfin questionnée et que débute, à proprement parler, le véritable suspense. C'est à ce moment que Benoît Gouin révèle tout son talent et que le réalisateur semble le plus à son aise. Les surprises se succèdent alors et la finale nous laisse sur un beau malaise.


En définitive, "Jaloux" se laisse écouter, à condition de le regarder avec l'oeil d'un cinéphile indulgent, le prendre pour ce qu'il est, c'est-à-dire une film fait avec les moyens du bord, dans tous les sens du terme: une idée peu originale, un scénario vite esquissé et une réalisation qui n'atteint pas sa pleine mesure. Peut-être est-ce la faute à son budget modeste. Si c'est le cas, la prochaine fois, il vaudrait mieux se plier à la volonté des institutions...

mercredi 30 mars 2011

LA DÉFENSE LINCOLN : UNE DÉFENSE QUI ROULE À FOND LA CAISSE !

On pourrait croire que les romans policiers sont plus faciles à adapter au cinéma que tout autre genre littéraire. Faux ! La profusion des indices, des liens et des leurres nécessitent une mise en place complexe. Trop d'informations, on s'y perd. Pas assez et le film devient prévisible. La défense Lincoln relève le défi avec succès sans révolutionner le genre. Voilà un film intelligent, bien fait, duquel on sort avec pour seul commentaire: " Ouais, hum, c'est bon...".

Difficile de raconter l'histoire sans voler la mèche mais disons qu'un avocat de la défense (Matthiew McConaughey) habitué de traiter avec des clients peu élégants se fait engager par un riche playboy (Ryan Phillipe) accusé d'agression et de tentative de meurtre sur une prostituée. N'en disons pas plus mais sachez que l'histoire multiplie les intrigues parallèles, les revirements de situations et les stratagèmes ingénieux. On ne s'emmerde pas.


Ceux qui, comme moi, sont des mordus de Michael Connelly apprécieront cette adaptation honnête et dynamique, d'autant plus que la seule autre transposition à l'écran de l'un de ses romans, Blood Work réalisé par Clint Eastwood en 2002, avait déçue unanimement. Cette fois, l'univers du romancier est soigneusement dépeint avec sa faune urbaine, ses personnages rusés et ses intrigues tentaculaires. Le scénario mélange habilement enquête trépidante et vie privée des personnages. Matthiew McConaughey est parfait dans le rôle de l'avocat et la réalisation de Brad Furman (un nouveau venu) nous tient en haleine tout au long le film.


Bon divertissement, certes, La défense Lincoln n'a toutefois pas l'étoffe d'un classique et ne restera pas non plus graver dans nos mémoires. Il lui manque ce "coup de fouet" qui possédaient des films comme "Seven" ou "Usual suspect" par exemple. Dans ce cas-ci, on a davantage affaire à un "Colombo Deluxe", bien ficelé et vite digéré.



Idéal pour vos samedis soirs, La défense Lincoln a le mérite de nous accrocher un sourire au visage pendant 2 heures et franchement, c'est déjà pas mal !

mardi 29 mars 2011

JO POUR JONATHAN: PARI RÉUSSI

Pas facile de rendre cinématographique un portrait réaliste du désoeuvrement de la jeunesse. Grand est le risque de tomber dans les tranches de vie contemplatives que l'on nomme "poésie du quotidien" pour qualifier ces films d'auteurs sincères mais souvent ennuyeux. Heureusement, Maxime Giroux évite le piège. Son "Jo pour Jonathan" soutient l'intérêt du spectateur du début jusqu'à la fin avec une histoire forte, bien filmée et troublante de vérités.


Jonathan et son grand frère sont passionnés de course de voitures clandestines. Lorsque Jonathan perd une course et s'avère incapable d'honorer son pari, son grand frère propose à l'adversaire un arrangement "quitte ou double'', mais les choses tournent mal et la dette de Jo envers son frère sera beaucoup plus importante que prévue.


Disons-le, "Jo pour Jonathan" n'est pas un film grand public. Les courses de voitures ici n'ont rien à voir avec Nitro ou Fast & Furious. Il s'agit d'un film à petit budget, mimimaliste, qui jette un regard personnel sur un phénomène de société. De notre société ! Celle du Québec et de ses banlieues. Les trottoirs longeant les autoroutes, les parcs industriels, les stationnements de centres commerciaux converties en terrains de jeu le soir venu, Maxime Giroux pointe du doigt sans le nommer ce qui embrouillent l'esprit et l'âme de ses personnages.


Tous les comédiens, Raphaël Lacaille en tête, sont criants de vérité. On sent d'ailleurs que le réalisateur connaît bien ce monde particulier. Les dialogues reprennent le langage tronqué de nos ados et les vraies choses se disent par texto. Même les décors fades deviennent des personnages tellement ils nous sont familiers. Jamais le propos du film n'interrompt l'histoire et c'est une qualité rare chez un auteur. Non vraiment ! Il n'y a pas grand chose à reprocher à ce film dès lors qu'on accepte sa vision épurée du problème.


On sort de "Jo pour Jonathan" avec le moton dans la gorge et l'étrange impression d'avoir compris que tout se joue à l'adolesence.

mardi 22 mars 2011

SANS LIMITES : LES LIMITES D'UNE BONNE IDÉE

"Sans limites" se voulait une façon originale d'aborder le problème de la drogue. Ironiquement, le film perd son identité en cours de route, ne devenant que le pâle reflet de son potentiel original. Ses créateurs auraient-ils consommé trop de TNZ ?

Elle avait pourtant bien démarrée cette histoire de pilule qui décuple les facultés intellectuelles. Dommage que le scénario dérape en chemin . À croire qu'on a voulu écarter toutes les questions liées au sujet. Même les effets secondaires, annoncés comme l'enjeu dramatique du film, se retrouvent balayés sous le tapis. Aucune réflexion ne vous sera imposée, n'ayez crainte, c'est une histoire de bons et de méchants. Cette pilule, c'est comme les microfilms dans les James Bond. Tout le monde est prêt à tuer pour l'avoir, c'est tout ce qui importe.

Reste la réalisation de Neil Burger. Tout l'intérêt du film repose sur les contrastes de mise en scène entre les moments de sobriété et les effets spectaculaires que procure la drogue. La luminosité accrue, les images accélérées, le soucis des détails fascinent l'oeil du spectateur. Notons l'éblouissante Abbie Cornish appelée à devenir une grande star.



Une fois la pilule avalée, on se rend compte que "Sans limites" n'est rien d'autre qu'une série B qui multiplie les rebondissements invraisemblables et les compromis faciles, comme du popcorn trop salé, on ressent vite le manque de consistance et le besoin de se réhydrater...

mardi 15 mars 2011

BATTLE L.A.: 2 REMAKES POUR LE PRIX DE 1

J'imagine assez bien un producteur s'asseoir devant le patron du studio et dire: - J'ai une idée ! Faisons un croisement entre La chute du faucon noir et Independance Day !

- Cool ! Qui le réalisera ?


- Jonathan Liebesman, un tâcheron spécialisé dans les remakes.


- Cool !

Sur papier, Battle: L.A. devait être un film prometteur, une valeur sûre au Box Office. Le résultat est efficace sans être émouvant, spectaculaire sans avoir de personnalité. Les amateurs de films d'actions seront bien servis, à condition de n'attendre que cela.
Les producteurs ont bien fait leur boulot. Les effets spéciaux sont réussis et tout le film ressemble à un gros feu d'artifices. Battle: LA s'inscrit dans la lignée des 2012 et autres Transformers. Le rythme est soutenu, la destruction vaut le coup d'oeil et l'apocalypse est au rendez-vous ! Du gros divertissement viril.

L'histoire est simple: Des extra-terrestres très très méchants envahissent notre planète et nous suivons un commando de marines très très courageux qui vont les affronter.

Tout est garoché dans ce film: les bombes, l'histoire, les personnages. On cherche tellement à nous en mettre plein la vue que le spectateur est souvent pris au dépourvu, étourdi par une caméra à l'épaule qui n'en finit plus de brasser, les créateurs du films étant persuadés que plus t'en mets, mieux ce sera. La technique du "shaky cam" est en train de devenir un genre en soit, mais tous les réalisateurs ( aussi virils soit-ils) ne maîtrisent pas cet art musclé du mouvement saccadé. Le réalisateur Jonathan Liebesman en fait trop, filmant tout, trop vite, sans moduler son histoire ou créer de moments privilégiés. Les quelques scènes d'émotions sont tellement engluées de patriotisme qu'elles frôlent le ridicule.

Il y a néanmoins quelques bons moments. La séquence au poste de police est bien menée. Aaron Eckhart tire son épingle du jeu, donnant une touche de subtilité à un personnage qui n'en a pas. L'ensemble se laisse regarder à condition d'aimer l'action et juste l'action.

À vous de voir quelles sont vos exigences.

jeudi 10 mars 2011

RANGO

Je ne suis pas un amateur de films d'animation en général mais l'approche "western-spagetti" de Rango a piqué ma curiosité. Forcé d'admettre que je me suis franchement amusé.

L'histoire est simple comme dans tout bon western qui se respecte: Un caméléon domestique se retrouve par accident au beau milieu du désert, dans un village poussiéreux, où l'eau vaut son pesant d'or...pour ne pas dire: une poignée de dollars. Après une suite d'imbroglios spectaculaires, notre héros devient shérif du village et doit retrouver les cambrioleurs qui ont volé les réserves d'eau de la banque !


Réalisé par Gore Verbinski (créateur de "Pirates des Caraïbes"), Rango ne manquera pas de faire sourire les cinéphiles. Les premiers 30 minutes sont carrément hilarantes tant par son humour que sa mise en scène. Si vous vous ennuyez des visages crasseux qui peuplaient les films de Sergio Leone, vous serez servis avec les faces-de-rats et les créatures reptiliennes de Rango. Tout y est: la poussière, les gros plans, les trench-coats, les grands-angles, tout, même ce brin de poésie qui caractérisaient les oeuvres de Leone.


Le film n'échappe toutefois pas à certaines longueurs. Les personnages manquent de répliques savoureuses et l'histoire s'enlise dans les clins d'oeil aux genres. Les cinéphiles en seront ravie mais le grand public trouvera les personnages peu attachants et l'histoire convenue.


Visuellement, Rango est un petit bijou. Sa mise en scène léchée et complexe se veut un hommage aux grands maîtres du cinéma et à leurs coups-de-génie. Par contre, la magie propre aux oeuvres de Pixar ou Disney n'y est pas. À trop vouloir parodier, le film manque d'unité. Des scènes comme "la poursuite de la diligence" par exemple se révèle époustouflante, capable de faire rougir un Michael Bay mais laisserait dubitatif un Spielberg soucieux de la continuité.


Dernier point, le film s'adresse plus aux cinéphiles qu'aux familles. Il faut aimer et connaître le cinéma pour vraiment apprécier Rango. Les personnages glauques, la mise en scène appuyée et les références underground qui constituent la trame du film risquent d'ennuyer les enfants et leurs parents.


3.5/5


samedi 5 mars 2011

DES HOMMES ET DES DIEUX

Au moment où le maire de Saguenay se bat pour rétablir la prière au Conseil Municipal de sa région, voilà que sort sur les écrans du Québec "Des hommes et des dieux" de Xavier Beauvois. Il y a belle lurette que la Foi n'est plus au goût du jour dans le cinéma occidental, sinon pour justifier des personnages douteux. Le dernier en lys, si ma mémoire est bonne, c'était "Mission" de Roland Joffé qui remonte à 1986. Nous ne parlons pas ici de films bibliques tel que "Passion" de Mel Gibson mais bien de films qui s'interrogent sur le mystère de la Foi.

"Des hommes et des dieux", c'est une communauté de missionnaires postés en Algérie au milieu des années 90. Ils soignent les gens et viennent en aide aux gens de la région. Lorsqu'une insurrection d'extrémistes musulmans se prépare, leur vie est menacée. Les prêtres voudraient partir mais leur Foi leur commande de rester. Sont-ils prêt à devenir des martyrs au nom de Seigneur? Telle est la question.
Si "Mission" de Roland Joffé se voulait un film où la conversion d'un inculte se faisait à travers une suite d'épreuves et d'affrontements spectaculaires, où la dévotion des personnages se mêlait aux scènes d'actions, Xavier Beauvois propose plutôt un film lent et méditatif, simple et poétique. Malgré cela, les 2 heures passent rapidement. Les tourments, les doutes et les questionnement auxquelles sont confrontés les missionnaires donnent aux plans séquences et aux personnages immobiles une intensité remarquable. Les nombreuses prières qui parsèment le film revêtent une dimension ambiguë. Xavier Beauvois n'essaye pas de nous convertir mais pose plutôt le problème de la Foi et ses contradictions. Il ne s'agit pas d'un film religieux mais d'un drame psychologique.
Cinématographiquement, le film est simple et sans effets particuliers. Le silence des personnages est plus évocateur que leurs paroles. La mort plane sur ces scènes de la vie quotidienne, sur ces personnages qui s'accrochent à leur routine. La direction photo est crue et sublime, la beauté des paysages algériens laisse un arrière-goût amer qui participe à l'atmosphère. On s'y croirait.

Si Lambert Wilson offre une interprétation solide, Michael Lonsdale est émouvant dans le rôle d'un médecin vieillissant qui n'a plus rien à perdre. Seul petit bémol, la finale est trop rapide mais "Des hommes et des dieux" demeure un film d'une richesse rare.

4/5

mercredi 9 février 2011

LES AVENTURES D'ADÈLE BLANC-SEC

Luc Besson a révolutionné le cinéma français populaire des années 80 avec des films originaux, atmosphériques et décalés: Subway, le Grand Bleu ou Nikita ont tous été accueillies comme des révélations par le grand public. Les années 90 furent plus sages: Léon, Le Cinquième éléments et Jeanne d'Arc s'inscrivaient dans une démarche hollywoodienne et comme beaucoup de "prophètes en leur pays", invités par Hollywood, il est retourné au bercail la tête basse. Dans les années 2000, l'enfant prodigue s'est reconvertie en "international producer", produisant des films d'action survoltés et ne commentant à titre de réalisateur que Angel-A, unanimement boudé. C'est avec l'adaptation du bande-dessinée de Tardi intitulée "Les aventures d'Adèle Blanc-Sec" que Besson fait son retour, espérant renouer avec le succès populaire.

L'histoire en une phrase: Pendant qu'un ptérodactyle sème la panique dans Paris au début du XX siècle, Adèle Blanc-Sec tente de ressusciter une momie susceptible de guérir sa soeur mourante.


La filiation entre Indiana Jones et Les aventures d'Adèle Blanc-Sec est beaucoup trop évidente. Venant d'une série B, on aurait pu le pardonner mais de la part de Luc Besson, c'est décevant. Au début du film, dans une pyramide égyptienne, lorsque Adèle Blanc-Sec doit mettre du sable dans la balance pour faire contrepoids et s'emparer ainsi de la momie, la référence à la scène d'ouverture de l'Arche perdue crève les yeux ! Idem pour l'explosion qui s'en suit, la course folle d'Adèle pour sortir de la pyramide rappelle trop l'énorme pierre qui roulait derrière Indiana Jones. Même l'ennemi juré d'Adèle Blanc-sec est calqué physiquement sur l'agent S.S. tout vêtu de noir qui pourchassait l'archéologue dans le premier film. Ce même personnage qui emprunte une réplique célèbre de la trilogie lorsqu'il dira : "Bon voyage, madame Blanc-Sec" avant de pousser un rire gras à la fin du film... Bon, on aurait pu le pardonner si le divertissement avait été à la hauteur. Mais non ! La touche magique n'y est pas. On sent le studio à plein nez. C'est trop propre, trop bien éclairé, trop caricaturé pour qu'on y croit.


Le film cherche constamment à installer une atmosphère fantaisiste digne des films de Jean-Pierre Genet mais sans y parvenir. Pourquoi ? Difficile à dire. L'histoire se perd d'une part, vivote, prêche par excès de rebondissements farfelus. Les personnages sont trop caricaturés pour qu'on les prennent aux sérieux et pas assez comique pour nous faire rire. Il y a bien sûr cette atmosphère de studio qui gomme tout l'esthétique du film et ses effets spéciaux qui ne sont pas très crédibles. Le même film au début des années 80 aurait certainement fait bonne figure mais 30 plus tard, c'est 30 ans trop tard.


Quelques scènes restent amusantes et Louise Bourgoin dans le rôle d'Adèle Blanc-Sec s'en tire à bon compte. En espérant que le prochain film de Luc Besson aura plus l'air d'un film de Luc Besson.

mardi 1 février 2011

FUNKY NIGHTS


Il y a déjà plusieurs années que le cinéma québécois a trouvé ses aises, il n'a plus rien à envier au cinéma américain ou européen. Avec Funky Town, la preuve est faite que nous sommes capable de faire des films épiques...à l'américaine (sic!)

La trame du film est composée d'un foisonnement d'histoires qui s'entrecroisent autour d'un même sujet : la discothèque Starlight (alias le Limelight de montréal). Nous sommes en 1976 et les seventies battent leur plein. Nous suivons Bastien Lavallée (Patrick Huard) qui anime une émission de danse en direct du Starlight en compagnie d'un chroniqueur mondain "très jet set" (Paul Doucet). C'est le party, sex drogue et disco ! Et puis, c'est la descente au enfer, le disco est mort, c'est le référendum de 1980 et le party est fini.




Si le Funky Town s'inspire librement de la vie d'Alain Montpetit et Coco Douglas Leopold, deux animateurs bien connus des québécois, la facture du film se veut résolument hollywoodienne, difficile par ailleurs de ne pas reconnaître l'influence de films comme Boogie Nights et Studio 54. Coté performance d'acteurs, Patrick Huard est honnête, tout comme Raymond Bouchard, Geneviève Brouillette, Justin Chatwin et les autres, mais celui qui se démarque avec brio, c'est Paul Doucet en homosexuel extraverti, anglophone faisant carrière dans le milieu francophone.




Le film est rythmé, intéressant, son portrait du Montréal des années 70 étonne et néanmoins, malgré tous ses qualités, Funky Town sent la recette à plein nez, le film "branché", manichéen et moralisateur. Ces quelques défauts ne gâchent pas notre plaisir mais, quand on sort d'une projection avec l'envie de revoir les "classiques du genre", forcé d'admettre que le film n'a pas su se démarquer...

dimanche 23 janvier 2011

Attention, les frelons volent bas !

Ceux qui vont voir un film de Seth Rogen (Pineapple express) seront bien servi. Ceux qui vont voir le dernier opus du réalisateur Michel Gondry (Du soleil plein la tête) seront amèrement déçus.


En effet, il y avait beaucoup à espérer de cette étrange association. Comme scénariste, Rogen s'est imposé avec Superbad, une comédie pour ados qui a marqué le genre par son audace et son humour décalé. En revanche comme acteur, il faut aimé l'humour gras.


Quant à Michel Gondry, il s'est illustré à maintes reprises grâce à ses réalisations inventives. Réunis, on pouvait s'attendre à l'anti-film de superhéros par excellence. Mais non ! Outre quelques moments inspirés, le Frelon Vert se destinent exclusivement aux ados en manque d'humour.

L'histoire en une phrase: Un riche imbécile se joint à un karatéka génial pour faire régner l'ordre.

L'humour ne manque pas dans ce remake d'un feuilleton radiophonique des années 30 dont l'adaption télévisée des années 60 permit à Bruce Lee de se faire connaître du grand public. Mais l'absence complète d'intrigue et l'enchaînement de gags prévisibles rendent cette mouture difficile à digérer.

Jay Chou (à l'instar de Bruce Lee) est celui qui tire le mieux son épingle du jeu avec sa bouille impassible et ses combats spectaculaire. Seth Rogen joue gros, très gros, comme d'habitude et bien que son personnage soit sensément hanté par le désir d'honorer la mémoire de son père, on sent aucune profondeur dans l'interprétation de Rogen. Quant au méchant (Christoph Waltz, le charismatique nazi d'Inglourious Basterds), il semble se demander qu'est-ce qu'il vient faire dans ce four.

Par ailleurs, ni les effets 3D ni Cameron Diaz ne sont digne de mention. En sommes, une comédie destinée aux amateurs de films d'ados.

2/5

vendredi 21 janvier 2011

LA LEÇON D'UN ROI

Peu friand des histoires sur la monarchie, je pensais que "Le discours du roi" serait un film d'acteurs luxueux sur la misère des riches...je me trompais royalement.

L'histoire en une phrase: Le roi George VI souffrant d'un problème d'élocution fait appel à un acteur australien devenu orthophoniste pour l'aider à prononcer un discours à la nation à l'aube de la 2ième Guerre Mondiale.

On reconnaît, dit-on, une bonne histoire par sa capacité à toucher nos zones sensibles et la force du Discours, c'est justement de nous présenté un roi confronté à une peur que nous connaissons tous : parler en public.

Comme on s'y attendait, Colin Firth et Jeoffrey Rush sont sublimes dans les rôles respectifs du roi Georges VI et de son orthophoniste, mais Tom Hooper ( réalisateur du plaisant Damned United en 2009 ) ne se contente de filmer la performance de ses acteurs. Sa caméra livre elle aussi une performance. En effet, l'une des forces inattendues de ce film vient de sa mise en scène, toujours consciente des enjeux, elle souligne tantôt les malaises, tantôt les contradictions sans jamais trop appuyer, de sorte qu'au lieu de nous servir un film sur la misère des riches, c'est vraiment un drame humain qui nous est offert, non sans humour ni clin d'oeil.


Certainement un des meilleurs films de l'année.


3.5/5

mardi 11 janvier 2011

Barney's Version ou comment mesurer la grandeur d'un homme

Si je vous demande: Nommez-moi des artistes québécois ayant une rayonnement international, spontanément vous direz: Céline Dion, Robert Lepage, Guy Laliberté. En se creusant un peu les méninges, on ajoutera: Riopelle, Léonard Cohen... mais peu citeront Mordecai Richler. Ce romancier polémiste, essayiste, juif anglophone est pourtant bel et bien un ambassadeur du Québec.

The Barney's version mettant en vedette Paul Giamatti et Dustin Hoffman fut tourné à Montréal, lieu même où se déroule l'intrigue du roman.


L'histoire en une phrase: La vie de Barney, mécène et producteur de télévision, un homme de coeur mais bourré de défauts, dans sa quête du bonheur.


Comparé aux films d'Aronofski, Boyld et Coen qui ont meublé les écrans de cinéma durant le temps des Fêtes, cette réalisation de Richard J. Lewis peu paraître conventionnelle. Mettre en scène 40 années dans la vie d'un homme n'est pas une entreprise facile. Lewis évite les maquillages excessifs, ses personnages vieillissent sobrement. Mieux encore, ses personnages nous donne l'impression d'exister réellement et ça, c'est la marque d'un grand auteur. Je ne parle pas ici de Lewis mais de Richler. La personnalité de Barney, ses qualités, ses défauts, ses manies sont le fruit d'une fine observation du genre humain. Quant à l'histoire de cette vie, elle est peuplée de grands et de petits moments, parfois tristes, souvent drôles mais toujours significatifs.


Le réalisateur s'efface humblement derrière ses personnages, offrant la part belle du lion à ses comédiens. Paul Giamatti rend attachant un homme qui aurait pu facilement devenir antipathique. Dustin Hoffman nous fait bien rigoler dans le rôle du père, ancien policier de Montréal, reste vif malgré une vie marquée par les déceptions. Quant à ses femmes, Rosamund Pike, Minnie Driver et Rachel Lefèvre, elles sont les 3 pendants féminins de la personnalité de Barney.


Difficile de ne pas être ému par cette vie bien remplie, par la perspicacité de l'auteur à souligner les traits fondamentaux d'une personnalité et montrer comment l'intelligence est parfois impuissante devant les impératifs de la vie.


3/5.

samedi 8 janvier 2011

O'Grit where art True?

True Grit des frères Coen est un western qui ne se prend pas au sérieux, il en résulte un film parsemé de moments savoureux mais dont l'ensemble reste inégal.

Le western a triomphé pendant un demi-siècle sur les écrans américains avant de s'essouffler à la fin des années 60. Il y a bien eu quelques tentatives de réanimations avec le western-spagetti et le western crépusculaire, mais ces approches esthétisantes n'ont fait que stigmatiser le genre, de sorte qu'au début des années 70 le western devînt le lot du petit écran, laissant au septième art le soin de sonner la retraite aux vétérans du genre.

Ces "vues" de cowboys & d'indiens laissèrent dans le deuil toute une génération de cinéphiles qui s'en était abreuvée toute leur jeunesse et parmi eux: les frères Coen. Des films comme "No country for old man", "O'Brother where art thou", "Fargo", "Miller's crossing", "Blood simple" et même "Arizona junior" empruntaient beaucoup aux codes du genre. Nous étions nombreux à piaffer d'impatience à l'idée de voir un vrai western signé Coen...

L'histoire en une phrase: Une fillette de 14 ans engage un maréchal pour retrouver l'assassin de son père, aidés par un texas ranger, ils traverseront un territoire indien à la recherche du meurtrier.

Avec les frères Coen, on pouvait s'attendre à un western poussiéreux, peuplés de salopards grotesques et de scènes délirantes, mais non, True Grit est un western relativement poli, presque familial, qui s'efforce de rendre hommage au genre plutôt qu'à lui offrir un nouvel opus.

L'humour est pourtant au rendez-vous et les interprètes livrent de très belles performances. Chapeau à Hailee Steinfeld qui joue la gamine de 14 ans ! Matt Damon en texas ranger est amusant et Barry Pepper brille dans le rôle nuancé d'un complice poisseux du meurtrier. Quant à Jeff Bridges, il s'amuse ferme à chausser les bottes d'un ivrogne de mauvais poil, peut-être un peu trop, son personnage donnant parfois l'impression de sortir tout droit d'une parodie alors que les autres essayent de nous faire croire à l'histoire.

Il y certes de très bons moments et des scènes typiquement Coen. Le film se laisse regarder sans ennui mais l'ensemble demeure conventionnel et bien que je n'ai pas lu le livre, on sent que les réalisateurs ne tirent pas le plein potentiel de cette histoire. La plus grande faiblesse tient à son dénouement qui nous donne envie de dire: tout ça pour ça ! En effet, les problèmes et les embûches se résolvent un peu trop rapidement. On aurait aimé apprendre à mieux connaître ce meurtier incarné par Josh Brolin qui ne fait, en définitive, qu'une brève apparition dans le film.

À défaut d'avoir eu le Courage de faire un Vrai western, les Coen livre un bel hommage au genre avec ses paysages flamboyants, ses héros plus grands que nature et ses chevauchées pittoresques. On s'amuse. Pourquoi bouder son plaisir ? Ainsi pourrait-on paraphraser l'un des personnages de "Barton Fink" et dire: Tous les grands réalisateurs ont plus ou moins la touche Cohen, mais puisqu'il est réalisé par les frères Coen, True Grit l'a un peu plus que les autres...(sic)

3/5