mardi 29 mars 2011

JO POUR JONATHAN: PARI RÉUSSI

Pas facile de rendre cinématographique un portrait réaliste du désoeuvrement de la jeunesse. Grand est le risque de tomber dans les tranches de vie contemplatives que l'on nomme "poésie du quotidien" pour qualifier ces films d'auteurs sincères mais souvent ennuyeux. Heureusement, Maxime Giroux évite le piège. Son "Jo pour Jonathan" soutient l'intérêt du spectateur du début jusqu'à la fin avec une histoire forte, bien filmée et troublante de vérités.


Jonathan et son grand frère sont passionnés de course de voitures clandestines. Lorsque Jonathan perd une course et s'avère incapable d'honorer son pari, son grand frère propose à l'adversaire un arrangement "quitte ou double'', mais les choses tournent mal et la dette de Jo envers son frère sera beaucoup plus importante que prévue.


Disons-le, "Jo pour Jonathan" n'est pas un film grand public. Les courses de voitures ici n'ont rien à voir avec Nitro ou Fast & Furious. Il s'agit d'un film à petit budget, mimimaliste, qui jette un regard personnel sur un phénomène de société. De notre société ! Celle du Québec et de ses banlieues. Les trottoirs longeant les autoroutes, les parcs industriels, les stationnements de centres commerciaux converties en terrains de jeu le soir venu, Maxime Giroux pointe du doigt sans le nommer ce qui embrouillent l'esprit et l'âme de ses personnages.


Tous les comédiens, Raphaël Lacaille en tête, sont criants de vérité. On sent d'ailleurs que le réalisateur connaît bien ce monde particulier. Les dialogues reprennent le langage tronqué de nos ados et les vraies choses se disent par texto. Même les décors fades deviennent des personnages tellement ils nous sont familiers. Jamais le propos du film n'interrompt l'histoire et c'est une qualité rare chez un auteur. Non vraiment ! Il n'y a pas grand chose à reprocher à ce film dès lors qu'on accepte sa vision épurée du problème.


On sort de "Jo pour Jonathan" avec le moton dans la gorge et l'étrange impression d'avoir compris que tout se joue à l'adolesence.

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