samedi 5 mars 2011

DES HOMMES ET DES DIEUX

Au moment où le maire de Saguenay se bat pour rétablir la prière au Conseil Municipal de sa région, voilà que sort sur les écrans du Québec "Des hommes et des dieux" de Xavier Beauvois. Il y a belle lurette que la Foi n'est plus au goût du jour dans le cinéma occidental, sinon pour justifier des personnages douteux. Le dernier en lys, si ma mémoire est bonne, c'était "Mission" de Roland Joffé qui remonte à 1986. Nous ne parlons pas ici de films bibliques tel que "Passion" de Mel Gibson mais bien de films qui s'interrogent sur le mystère de la Foi.

"Des hommes et des dieux", c'est une communauté de missionnaires postés en Algérie au milieu des années 90. Ils soignent les gens et viennent en aide aux gens de la région. Lorsqu'une insurrection d'extrémistes musulmans se prépare, leur vie est menacée. Les prêtres voudraient partir mais leur Foi leur commande de rester. Sont-ils prêt à devenir des martyrs au nom de Seigneur? Telle est la question.
Si "Mission" de Roland Joffé se voulait un film où la conversion d'un inculte se faisait à travers une suite d'épreuves et d'affrontements spectaculaires, où la dévotion des personnages se mêlait aux scènes d'actions, Xavier Beauvois propose plutôt un film lent et méditatif, simple et poétique. Malgré cela, les 2 heures passent rapidement. Les tourments, les doutes et les questionnement auxquelles sont confrontés les missionnaires donnent aux plans séquences et aux personnages immobiles une intensité remarquable. Les nombreuses prières qui parsèment le film revêtent une dimension ambiguë. Xavier Beauvois n'essaye pas de nous convertir mais pose plutôt le problème de la Foi et ses contradictions. Il ne s'agit pas d'un film religieux mais d'un drame psychologique.
Cinématographiquement, le film est simple et sans effets particuliers. Le silence des personnages est plus évocateur que leurs paroles. La mort plane sur ces scènes de la vie quotidienne, sur ces personnages qui s'accrochent à leur routine. La direction photo est crue et sublime, la beauté des paysages algériens laisse un arrière-goût amer qui participe à l'atmosphère. On s'y croirait.

Si Lambert Wilson offre une interprétation solide, Michael Lonsdale est émouvant dans le rôle d'un médecin vieillissant qui n'a plus rien à perdre. Seul petit bémol, la finale est trop rapide mais "Des hommes et des dieux" demeure un film d'une richesse rare.

4/5

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