dimanche 23 janvier 2011

Attention, les frelons volent bas !

Ceux qui vont voir un film de Seth Rogen (Pineapple express) seront bien servi. Ceux qui vont voir le dernier opus du réalisateur Michel Gondry (Du soleil plein la tête) seront amèrement déçus.


En effet, il y avait beaucoup à espérer de cette étrange association. Comme scénariste, Rogen s'est imposé avec Superbad, une comédie pour ados qui a marqué le genre par son audace et son humour décalé. En revanche comme acteur, il faut aimé l'humour gras.


Quant à Michel Gondry, il s'est illustré à maintes reprises grâce à ses réalisations inventives. Réunis, on pouvait s'attendre à l'anti-film de superhéros par excellence. Mais non ! Outre quelques moments inspirés, le Frelon Vert se destinent exclusivement aux ados en manque d'humour.

L'histoire en une phrase: Un riche imbécile se joint à un karatéka génial pour faire régner l'ordre.

L'humour ne manque pas dans ce remake d'un feuilleton radiophonique des années 30 dont l'adaption télévisée des années 60 permit à Bruce Lee de se faire connaître du grand public. Mais l'absence complète d'intrigue et l'enchaînement de gags prévisibles rendent cette mouture difficile à digérer.

Jay Chou (à l'instar de Bruce Lee) est celui qui tire le mieux son épingle du jeu avec sa bouille impassible et ses combats spectaculaire. Seth Rogen joue gros, très gros, comme d'habitude et bien que son personnage soit sensément hanté par le désir d'honorer la mémoire de son père, on sent aucune profondeur dans l'interprétation de Rogen. Quant au méchant (Christoph Waltz, le charismatique nazi d'Inglourious Basterds), il semble se demander qu'est-ce qu'il vient faire dans ce four.

Par ailleurs, ni les effets 3D ni Cameron Diaz ne sont digne de mention. En sommes, une comédie destinée aux amateurs de films d'ados.

2/5

vendredi 21 janvier 2011

LA LEÇON D'UN ROI

Peu friand des histoires sur la monarchie, je pensais que "Le discours du roi" serait un film d'acteurs luxueux sur la misère des riches...je me trompais royalement.

L'histoire en une phrase: Le roi George VI souffrant d'un problème d'élocution fait appel à un acteur australien devenu orthophoniste pour l'aider à prononcer un discours à la nation à l'aube de la 2ième Guerre Mondiale.

On reconnaît, dit-on, une bonne histoire par sa capacité à toucher nos zones sensibles et la force du Discours, c'est justement de nous présenté un roi confronté à une peur que nous connaissons tous : parler en public.

Comme on s'y attendait, Colin Firth et Jeoffrey Rush sont sublimes dans les rôles respectifs du roi Georges VI et de son orthophoniste, mais Tom Hooper ( réalisateur du plaisant Damned United en 2009 ) ne se contente de filmer la performance de ses acteurs. Sa caméra livre elle aussi une performance. En effet, l'une des forces inattendues de ce film vient de sa mise en scène, toujours consciente des enjeux, elle souligne tantôt les malaises, tantôt les contradictions sans jamais trop appuyer, de sorte qu'au lieu de nous servir un film sur la misère des riches, c'est vraiment un drame humain qui nous est offert, non sans humour ni clin d'oeil.


Certainement un des meilleurs films de l'année.


3.5/5

mardi 11 janvier 2011

Barney's Version ou comment mesurer la grandeur d'un homme

Si je vous demande: Nommez-moi des artistes québécois ayant une rayonnement international, spontanément vous direz: Céline Dion, Robert Lepage, Guy Laliberté. En se creusant un peu les méninges, on ajoutera: Riopelle, Léonard Cohen... mais peu citeront Mordecai Richler. Ce romancier polémiste, essayiste, juif anglophone est pourtant bel et bien un ambassadeur du Québec.

The Barney's version mettant en vedette Paul Giamatti et Dustin Hoffman fut tourné à Montréal, lieu même où se déroule l'intrigue du roman.


L'histoire en une phrase: La vie de Barney, mécène et producteur de télévision, un homme de coeur mais bourré de défauts, dans sa quête du bonheur.


Comparé aux films d'Aronofski, Boyld et Coen qui ont meublé les écrans de cinéma durant le temps des Fêtes, cette réalisation de Richard J. Lewis peu paraître conventionnelle. Mettre en scène 40 années dans la vie d'un homme n'est pas une entreprise facile. Lewis évite les maquillages excessifs, ses personnages vieillissent sobrement. Mieux encore, ses personnages nous donne l'impression d'exister réellement et ça, c'est la marque d'un grand auteur. Je ne parle pas ici de Lewis mais de Richler. La personnalité de Barney, ses qualités, ses défauts, ses manies sont le fruit d'une fine observation du genre humain. Quant à l'histoire de cette vie, elle est peuplée de grands et de petits moments, parfois tristes, souvent drôles mais toujours significatifs.


Le réalisateur s'efface humblement derrière ses personnages, offrant la part belle du lion à ses comédiens. Paul Giamatti rend attachant un homme qui aurait pu facilement devenir antipathique. Dustin Hoffman nous fait bien rigoler dans le rôle du père, ancien policier de Montréal, reste vif malgré une vie marquée par les déceptions. Quant à ses femmes, Rosamund Pike, Minnie Driver et Rachel Lefèvre, elles sont les 3 pendants féminins de la personnalité de Barney.


Difficile de ne pas être ému par cette vie bien remplie, par la perspicacité de l'auteur à souligner les traits fondamentaux d'une personnalité et montrer comment l'intelligence est parfois impuissante devant les impératifs de la vie.


3/5.

samedi 8 janvier 2011

O'Grit where art True?

True Grit des frères Coen est un western qui ne se prend pas au sérieux, il en résulte un film parsemé de moments savoureux mais dont l'ensemble reste inégal.

Le western a triomphé pendant un demi-siècle sur les écrans américains avant de s'essouffler à la fin des années 60. Il y a bien eu quelques tentatives de réanimations avec le western-spagetti et le western crépusculaire, mais ces approches esthétisantes n'ont fait que stigmatiser le genre, de sorte qu'au début des années 70 le western devînt le lot du petit écran, laissant au septième art le soin de sonner la retraite aux vétérans du genre.

Ces "vues" de cowboys & d'indiens laissèrent dans le deuil toute une génération de cinéphiles qui s'en était abreuvée toute leur jeunesse et parmi eux: les frères Coen. Des films comme "No country for old man", "O'Brother where art thou", "Fargo", "Miller's crossing", "Blood simple" et même "Arizona junior" empruntaient beaucoup aux codes du genre. Nous étions nombreux à piaffer d'impatience à l'idée de voir un vrai western signé Coen...

L'histoire en une phrase: Une fillette de 14 ans engage un maréchal pour retrouver l'assassin de son père, aidés par un texas ranger, ils traverseront un territoire indien à la recherche du meurtrier.

Avec les frères Coen, on pouvait s'attendre à un western poussiéreux, peuplés de salopards grotesques et de scènes délirantes, mais non, True Grit est un western relativement poli, presque familial, qui s'efforce de rendre hommage au genre plutôt qu'à lui offrir un nouvel opus.

L'humour est pourtant au rendez-vous et les interprètes livrent de très belles performances. Chapeau à Hailee Steinfeld qui joue la gamine de 14 ans ! Matt Damon en texas ranger est amusant et Barry Pepper brille dans le rôle nuancé d'un complice poisseux du meurtrier. Quant à Jeff Bridges, il s'amuse ferme à chausser les bottes d'un ivrogne de mauvais poil, peut-être un peu trop, son personnage donnant parfois l'impression de sortir tout droit d'une parodie alors que les autres essayent de nous faire croire à l'histoire.

Il y certes de très bons moments et des scènes typiquement Coen. Le film se laisse regarder sans ennui mais l'ensemble demeure conventionnel et bien que je n'ai pas lu le livre, on sent que les réalisateurs ne tirent pas le plein potentiel de cette histoire. La plus grande faiblesse tient à son dénouement qui nous donne envie de dire: tout ça pour ça ! En effet, les problèmes et les embûches se résolvent un peu trop rapidement. On aurait aimé apprendre à mieux connaître ce meurtier incarné par Josh Brolin qui ne fait, en définitive, qu'une brève apparition dans le film.

À défaut d'avoir eu le Courage de faire un Vrai western, les Coen livre un bel hommage au genre avec ses paysages flamboyants, ses héros plus grands que nature et ses chevauchées pittoresques. On s'amuse. Pourquoi bouder son plaisir ? Ainsi pourrait-on paraphraser l'un des personnages de "Barton Fink" et dire: Tous les grands réalisateurs ont plus ou moins la touche Cohen, mais puisqu'il est réalisé par les frères Coen, True Grit l'a un peu plus que les autres...(sic)

3/5