samedi 24 octobre 2015

Fordidden Room


Il y a des films dont il faut parler parce qu’ils stimulent une partie rarement sollicitée de notre cerveau : les électrons libres, cette zone grise qui se fiche éperdument des règles et n’accorde d’importance qu’à la sensibilité des choses. Des réalisateurs comme David Lynch y arrivent parfois, notamment avec Mulholland  Drive ou encore Bertrand Blier avec Merci la vie, mais les réussites dans ce domaine sont rares. Désormais, il faut compter sur un nouveau classique du genre : Forbidden Room de Guy Maddin, tourné à Montréal avec une distribution internationale mais dominée par des acteurs bien de chez nous.

Raconter l’histoire relève de la contorsion : D’une capsule explicative sur l’art de prendre son bain, nous passons dans un sous-marin coincé au fond des mers où débarque par hasard un coureur des bois venu raconter à l’équipage une histoire extraordinaire. S’en suit alors un feu roulant d’intrigues sans queue ni tête, allant d’une grotte mythique à un bar miteux de Marrakech en passant par le bloc opératoire d’un savant fou jusqu’aux souvenirs d’un enfant à moustache, une vingtaine de délires enchevêtrés nous sont ainsi livrés avec pour leitmotiv la mise à mal des grands thèmes freudiens, le tout présenté à la manière des vieux films perdus des années 20 et 30.

C’est l’humour, le rythme et la musique qui tiennent ensemble ce bouquet de folles aventures qui semblent imprégnées sur la pellicule surexposée d’une vieille bobine de films maudits.  Les cinéphiles s’amuseront à comptabiliser les clins d’œil au cinéma d’autrefois alors que défile sur l’écran un mélodrame échevelé et multiple qui nous est raconté essentiellement avec des intertitres.

À cette montagne russe d’expériences sensorielles se joint une distribution de calibre internationale comprenant Charlotte Rampling, Geraldine Chaplin et Mathieu Amalric et qui donnent la réplique à Roy Dupuis, Karine Vanasse  et Caroline Dhavernas. Nommer tous les acteurs connus qui font une apparition dans Fordiden room tient de la prouesse.

Si les films expérimentaux de ce type sont nombreux à jalonner nos écrans bon an mal an, rares sont ceux qui parviennent à soutenir notre intérêt  jusqu’à la fin. Guy Maddin et son équipe ne perdent jamais de vue le coté absurde de leur entreprise et sollicitent en permanence notre sens de l’humour.  Même si on ne rit jamais à gorge déployée, les cinéphiles pourvus d’une certaine culture générale ne pourront que sourire tout au long de la projection tant les références sont nombreuses et le traitement audacieux.

Une œuvre hors-norme destinée aux curieux, certes, mais capable de ravir quiconque aime le cinéma.         

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