mercredi 22 avril 2020

Jusqu'au déclin



Premier long-métrage québécois produit par Netflix, ce suspense à glacer-le-sang se démarque de la production locale, notamment en s'appropriant le territoire et son imaginaire nordique, s'inscrivant du même coup dans la grande tradition hollywoodienne.



Rarement voit-on l'hiver dans nos films, sinon en arrière-plan, entre deux scènes intérieures. C'est à la fois trop coûteux et trop difficile de tourner dans ces conditions. Or, c'est le défi que relève avec brio cet hybride cinématographique qui, sans excéder le budget habituel (5 millions) s'offre une chasse à l'homme épique en exploitant au maximum le paysage hivernal de nos forêts boréales. Quand une bande de survivalistes amateurs s'inscrivent à une formation organisée par un youtubeur passé maître dans l'art de prévoir la fin du monde, ils s'imaginent passer un bon moment, apprendre quelques trucs et manier des gros calibres en toute impunité. C'était le projet au départ, jusqu'à ce qu'un évènement funeste chamboule leur plan. Commence alors une descente aux enfers dans un décor sauvage tout de blanc vêtu.

Il est rafraîchissant de voir le cinéma québécois s'inscrire dans un genre aussi musclé. On pense aux classiques du genre: Survivance, The Revenant, mais aussi inévitablement  à Rambo et Predator.   C'est là d'ailleurs que réside la principale faiblesse de ce premier long-métrage réalisé par Patrice Laliberté. Visuellement impeccable, le film glisse rapidement dans les conventions du genre, privilégiant les effets gores et oubliant de donner une dimension humaine à ses personnages. Engager  dans une course contre la mort, leur motivation se résume à survivre, faisant d'eux des victimes à numéros comme dans un Vendredi 13 de luxe. Seul Réal Bossé tire son épingle du jeu en composant un personnage plus nuancé qu'il ne le semblait à première vue. 

Malgré tout, on ne peut que saluer cet effort de vouloir sortir le cinéma québécois de ses ornières. La mise en scène de Patrice Laliberté offre de belles trouvailles et sa facture réaliste rehausse la qualité de l'oeuvre. Notre territoire et ses richesse naturelles méritent d'être exploités par nos créateurs.


 

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