vendredi 24 avril 2020

The two popes

Relater les entretiens confidentiels de deux papes encore vivants était un pari ambitieux, tant au niveau de la forme que du contenu, seuls deux interprétations colossales et une mise en scène soignée pouvaient  sauver le projet d'un ennui mortel. Grâce au ciel, l'oeuvre n'est pas pavée que de bonnes intentions. 


Pour les tenants de l'Eglise, l'exercice relève presque du sacrilège tandis que pour le cinéphile lambda, habitué à des propositions plus formelles,  le trame n'a rien de franchement excitante. Bref, il fallait être un peu casse-cou pour s'attaquer à un sujet aussi revêche. De fait, le film ne transcende pas son sujet et s'adresse principalement à un public déjà conquis par sa thématique. Il y sera question du rôle de l'église, des difficultés qu'elle traverse et de l'héritage à transmettre.  Les deux papes ne sachant pas  s'ils peuvent se faire confiance au début, nous aurons droit à quelques discussions convenues dont l'intérêt réside dans la subtilité du jeu de ses interprètes. Chapeau à l'acteur anglais Jonathan Pryce qui s'expriment en espagnol une partie du film pour rendre son Bergoglio, futur Pape François, aussi crédible que possible. Quant à Anthony Hopkins, il s'en tire plutôt bien, comme toujours, sans parvenir à humaniser ce Benoit XV1 sombre et cérébral qui porte pourtant la quête du film sur ses épaules. 

Tiré d'une pièce de théâtre d'Anthony McCarten (Bohemian Rhapsody, Darkest Hours) le film raconte le passage du cardinal Argentin à Rome en 2012, venu remettre sa démission au pape qui la refuse, voyant en lui son successeur malgré leur divergence d'opinions. Le ressort dramatique repose sur la mentalité opposée des deux hommes, l'un latino, progressiste et chaleureux, l'autre germanique, froid et conservateur. La première partie du film est axée sur le choc des idées, chacun se gardant bien de révéler le fond de sa pensée. Peu à peu cependant, Bergolio devra s'expliquer. On ne met pas un terme à une brillante carrière sans raison.  Commence alors une série de flash-backs qui amènent certes une dimension cinématographique à l'ensemble, mais qui, en contre-partie, dilue le propos.

En effet, la tension du film repose sur un subtil jeu des confessions, celle qu'on veut entendre, sans s'y soumettre soi-même, chacun cherchant à se protéger tout en faisant preuve d'ouverture face à l'autre. Cette conjuration mutuelle aurait pu toucher au sublime si les confidences n'avaient pas été interrompues par d'incessants retours en arrière. En voulant éviter le théâtre filmé, l'oeuvre perd en intensité.  Nos retrouvons alors nos protagonistes perclus de silence à défaut de se livrer à de véritables aveux. Reste que la délicatesse du sujet,  la réalisation somptueuse de Fernando Meirelles (La Cité de Dieu, The constant gardener)  et la qualité des interprétations valent le détour. 






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