vendredi 24 avril 2020

The Highwaymen

D'un classicisme assumé, ce western crépusculaire nous offre une virée à travers l'Amérique des années 30, sur la piste de Bonnie et Clyde, et pose en chemin un regard doux-amer sur les mythes fondateurs de cette terre promise ravagée par la crise avec en têtes d'affiches deux acteurs qui ont la gueule de l'emploi.


Il y a des films auxquels on ne demande pas d'être original, mais de nous conforter dans nos attentes, comme une bonne vieille recette maison dont on espère seulement qu'elle soit réussie. C'est le cas de The Highwaymen qui ne révolutionne rien, mais possède tous les ingrédients d'un bon petit film à regarder chez soi. Il faut dire que Coster et Harrelson en rehaussent la saveur. La chimie entre les deux acteurs fonctionne à merveille et leur charisme respectif pèse lourd dans la balance. Ils incarnent deux anciens Texas Rangers à qui l'on demande de reprendre du service pour traquer Bonnie & Clyde qui sèment l'émoi et les cadavres sur leur passage. 

Dès l'apparition de Frank Hamer incarné par Kevin Costner, on pense tout de suite à Unforgiven de Clint Eastwood: un vieux cowboy à la retraite, ayant plusieurs morts sur la conscience,   mais à qui la vie a offert une seconde chance grâce à l'amour d'une femme (Kim Dickens), est appelé à reprendre les armes. La coïncidence n'est pas fortuite et Costner, le visage buriné par l'âge, chausse sans peine les bottes de cette figure mythique, taciturne et amer jusqu'à la toute fin. À ses côtés, Woody Harrelson déploie son immense talent en jouant les acolytes pince-sans-rire qui cache lui aussi sa part d'ombre. 

Ce n'est pas à cheval mais dans une vieille Ford que les deux complices vont parcourir le pays pour débusquer les célèbres fugitifs. Le film s'amuse à dépeindre nos limiers comme des anachronismes issues d'une autre époque, peu confortables avec la technologie des années 30 qui elle-même paraît désuète aux yeux du spectateur. À ce chapitre Woody Harrelson fait mouche avec humour décalé et son regard ahuri tandis que Kevin Coster, en bougon réfractaire au changement, tient le rôle straight man impassible. Cela étant dit, il ne faudrait pas y voir non plus un scénario plein d'esprit. Les répliques fonctionnent grâce au talent des acteurs alors que l'histoire évolue sans surprise vers sa fin inéluctable. 

Le réalisateur John Lee Hancock (The founder) roule sur du velours avec cette proposition old fashion, sa seule ambition du film étant de dépeindre une époque trouble, celle de la Grande Dépression, avec ses campements de chômeurs, son ambiance glauque, ce vent de modernité qui n'apporte rien de bon et surtout, cette fascination collective pour les crimes de Bonnie Parker et Clyde Barrow qui incarnent à eux deux le dégoût de la plèbe pour establishment. Choix intéressant, le film fait le pari de ne pas nous les montrer, ou très peu, de sorte qu'à l'instar de leurs poursuivants, on sent que ce n'est plus deux criminels mais une légende qu'ils devront affronter. Au final, on aura droit à un road movie sur des routes de terre battue, de solides interprètes, quelques fusillades et une dose de nostalgie. À tout prendre, ce n'est pas si mal.





  
  


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