jeudi 2 octobre 2014

Mommy

Le phénomène Xavier Dolan ne se dément pas. D’un film à l’autre, il corrige les défauts du précédent et pousse encore plus loin ses thèmes personnels. Mais pour être franc, jusqu’ici, je n’étais pas conquis. Pas vraiment. Je le suivais comme on s’intéresse à un jeune hockeyeur promis à un bel avenir dans la LNH. J’applaudissais l’étoile montante sans qu’aucun de ses films n’entrent dans mon top 10 de l’année.   Avec Tom à la ferme, on y était presque, mais pas encore. En bon français, je les aimais avec ma tête. Cette fois,  c’est un coup de cœur, un vrai. Mommy m’a conquis. Je suis sorti du cinéma chamboulé. Ni trop léger, ni trop lourd, ce cinquième opus m’a confondu, alliant profondeur, humour, scènes chocs et finale poignante. Un grand film.
La relation mère-fils nous est révélée par couches successives, comme des poupées russes. On sent le « trop plein » entre eux, de sorte que l’arrivée d'une voisine, qui cherche à combler un vide, confère à l’histoire un équilibre presque chimique. On dirait les particules d’un même atome, s’attirant et se repoussant au gré des événements. Le talent de Xavier Dolan est de mettre en scène des personnages qui n'ont plus la force de faire semblant. La coupe est pleine et ils débordent, voilà ce que propose Mommy en substance. C'est dans la vérité des émotions que le film puise son réalisme, tout le reste n’est que fureur et vertiges ponctués d’humour et de répliques savoureuses. Jamais le récit ne bascule dans  le mélodrame, ni ne succombe à l’envie de nous faire la morale. Tel un métronome, le réalisateur sait exactement quand offrir au spectateur la bouffée d’air dont il a besoin, ces moments de légèreté qui donnent au long-métrage toute sa poésie.     
Le format 4.3 (écran carré) est habilement utilisé et la bande sonore s’intègre  parfaitement au récit. Quant aux interprétations, je n’ose pas m’étendre sur le sujet par crainte de favoriser l’un au détriment de l’autre. Ils sont tous excellents.  Je ne pensais pas un jour être aussi dithyrambique à propos de Xavier Dolan. Et bien, ce jour est arrivé. Mommy n’est pas juste un bon film québécois, c’est un bon film tout court. Et il risque de figurer parmi mon top 3 de l’année.     
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