vendredi 17 octobre 2014

Fury


La deuxième guerre mondiale a remplacé le farwest dans l’imaginaire collectif, une épopée barbare en terres hostiles, symbole de la re-conquête par excellence, l’Amérique moderne y a retrouvé ses fameux mythes fondateurs, adaptés au goût du jour.  La motivation des méchants est claire (anéantir un peuple), les lieux sont symboliques (le vieux continent, le Pacifique) et la mission est divine (sauver le monde de la tyrannie). Du Jour le plus long  au Soldat Ryan, nos héros se battent pour un idéal au-dessus de tous soupçons. Ironiquement, la Première Guerre ne fait pas le poids à coté, d’une part les protagonistes manquent d’envergure et d’autre part, l’histoire n’est pas aussi « pure ».

La quête d’un réalisme visuel, saint graal hollywoodien s’il en est un, a atteint son apogée en 1998 sur les plages de Normandie  grâce à Steven Spielberg. On a tous été dans la boue avec Tom Hanks, témoin de cette barbarie, certains ont même vomi leur trippes en voyant le film. Avant cela, il y avait eu Das Boot et Stalingrad, mais ceux-là ne prenaient pas l’Histoire par le bon bout de la lorgnette. En d'autre terme, nul besoin d’être un historien pour en savoir long sur la WWII, la culture populaire s’en est chargée.

Aujourd’hui, c’est Brad Pitt qui débarque. En vérité, c’est sa deuxième incursion derrière les lignes ennemies mais sous la coupe de Tarantino, il ne portait pas le flambeau du réalisme. Cette fois, c’est pour de vrai !  À bord de son tank mal foutu, lui et son équipe mal embauchée devront traverser l’enfer, hum je veux dire l’Allemagne nazie, pour libérer le monde ! Disons-le, Fury roule sur des sentiers plus battus que glorieux. Loin d’être un film-événement, il s’agit plutôt d’un produit manufacturé, solide dans son ensemble avec une bonne valeur de revente. 
Malgré tout, l'épopée du sergent Wardaddy mérite 3 étoiles et demie. Mission accomplie, pourrait-on dire. C’est un bon film de guerre, captivant du début jusqu’à la fin, avec ses moments forts, ses déchirements, ses morceaux de bravoure et ses valeureux guerriers tombés au combat. Brad Pitt incarne à lui seul le drapeau américain. Shia Leboeuf, égérie d’Indiana Jones, Gordon Gekko et Optimus Prime, entre officiellement dans la catégorie des  vétérans. Chaque acteur défend son personnage avec intensité et le sort de tous et chacun finit par nous intéresser.
J’avais peur d’aller voir un autre film de David Ayer. Ses dernières tentatives me sont restées sur l’estomac (Sabotage, End of watch). J’anticipais avec inquiétude son approche jeu vidéo. Elle est là, effectivement, bien qu’enrobée d’une touche de classicisme qui lui va comme un gant. L’école Spielberg s'est avérée formatrice. On pourrait même parler d’une certaine maturité. En sommes, Fury a passé l’épreuve du feu. C’est le genre de film déjà-vu qu’on voudrait revoir.

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