jeudi 9 octobre 2014

Le juge

Difficile de renouveler le genre après le passage de l’ouragan Grisham dans les années 90. Les films de procès sont devenus les pourfendeurs du capitalisme sauvage et de l’exclusion sociale…au grand plaisir des studios.  Les codes en sont simples : une cause perdue d’avance (12 hommes en colère,  Le verdict), une prise de conscience difficile (JFK, Philadelphia) et une finale spectaculaire où la vérité éclate au grand jour (Des hommes d’honneur, Présumé innocent). The Jugde s’inscrit pour sa part dans une sous-catégorie du genre, à savoir les films à procès impliquant deux membres d’une même famille (Music Box, Confrontation à la barre). Dans ces conditions, il lui était difficile de se démarquer.
Disons-le : avec une distribution moins prestigieuse, le film aurait fini en combo sur Netflix. C’est là qu’on voit toute l’importance des acteurs. D’un coup de baguette magique (ou de visages connus), un petit film d’après-midi peut subitement aspirer à une nomination aux oscars et une carrière honorable.  
Enfin Robert Downey Jr délaisse les rôles de surhommes pour jouer un gars ordinaire. La transition est d’ailleurs bien amenée puisqu’il interprète un super-avocat qui revient dans son patelin d'origine, là où il n’est plus qu’un fils indigne cherchant l’approbation de son père. Ce retour aux sources, ni simple ni volontaire, donne au long-métrage sa dimension la plus intéressante.  Le film colporte tous les clichés sur l’Amérique profonde auxquels on peut s’attendre. Les rôles secondaires sont sympathiques. Mention spéciale à Vera Farmiga qui brille par sa beauté et son naturel. Quant à Robert Duvall, il est égal à lui-même grâce à cette force tranquille qui caractérise son jeu depuis un demi-siècle. On peut se demander toutefois ce qu’un Jack Nicholson, qui a été pressenti pour le rôle, aurait fait du personnage.  
Au final, Le Juge ne fera pas d’ombres à ses illustres prédécesseurs. Le procès n’est qu’un prétexte, on le sent bien. Seule la relation père-fils a de l’importance. Dans le rôle du procureur, Billy Bob Thornton se bat pour apparaître à l’écran.  Il manque au Juge cette valeur ajoutée que possède des films comme Howl, Michael Clayton ou encore l’affaire Dumont, ce regard particulier que porte la caméra sur ses personnages. L’intrigue judiciaire sert en définitive de pressing  pour un lavage de linges sales en famille. Plus proche visuellement de Mon cousnVinny que de Kramer vs Kramer, on a parfois l'impression que la facture du film est trop légère pour son sujet:  la petite ville bucolique à souhait, l'avocat débutant qui vomit avant chaque audience, les discussions romantiques au bord du lac, tout cela trahit les antécédents de Dodkin.  Le réalisateur de Garçons sans honneur évite les faux-plis, certes, mais peine à donner vie à l'ensemble.  Il se contente de rendre justice aux acteurs, ce qui n’est déjà pas si mal.
 

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