dimanche 4 janvier 2015

Whiplash

Au départ, Whiplash n’avait rien pour me plaire : le jazz, la torture psychologique, une toune qu’on répète encore en encore…j’avais autant envie de voir ce film que de me coincer le doigt dans une porte. Et puis, un ami m’a convaincu de lui donner sa chance. Dès les premières minutes, j’ai compris que le duel d’acteurs serait exceptionnel. Au final, j’ai été bouleversé. Plus qu’un film, c’est une expérience.  Je suis sorti de la salle avec l’impression d’avoir compris l’âme du jazz et peut-être celle de l’art en général. N’importe quel artiste trouvera dans Whiplash matière à réflexions.
  
L’idée de base est toute simple : un professeur de musique tyrannique pousse un joueur de batterie à se dépasser lui-même au risque de le mener au bord de la folie. Point.  Ce n’est que ça et pourtant, croyez-moi, toutes les qualités d’une grande œuvre y sont réunies. La relation qui s’installe entre le professeur et son élève n’est rien d’autre qu’une métaphore des défis qu’impose la vie à chacun de nous. Le mentor alterne sans cesse la séduction et la colère, le charme et la déception, la compassion et le mépris pour arriver à ses fins.  Il pousse son élève aussi loin que possible sans se soucier de l’éthique, des normes ou des conventions,  tous  deux engagés dans une quête absolue et effrénée de perfection. 

J.K. Simmons mérite à coup sûr une nomination pour sa performance, lui qu’on connait surtout pour ses rôles comiques prouvent ici qu’il est un acteur complet et surtout charismatique. Malgré toutes les bassesses auxquelles il se livre, on n’arrive jamais à le détester complètement. Il y a toujours dans son regard un dévouement sincère, une lueur d’espoir qui contraste avec ses paroles, ses cris, ses insultes. En toutes circonstances, il agit par amour de la musique. Miles Teller est également très bon dans le rôle de l’élève qui se retranche dans les méandres du désespoir. Si son jeu est moins nuancé que celui du professeur, il porte tout de même le film sur ses épaules.

Il serait mal venu de passer sous silence la mise en scène de Damien Chazelle. Son talent est manifeste, voilà un réalisateur qui s’est donné comme défi de filmer la musique. Rien de moins ! Que ce soit la relation du musicien avec son instrument ou celle du chef avec son orchestre, sa  caméra demeure sensible, à l’affût de la moindre vibration. Son montage se lit comme une partition, cherchant à capter à la fois le tempo et l’effort pour y parvenir. J’ajouterais que d’avoir choisi d’écrire un scénario épuré, sans artifice narratif, tendu vers un seul but, prouve à quel point Chazelle maîtrise son sujet.


Voilà un film  qui essaye de saisir quelque chose d’universelle, une définition de l’art que seule l’union du son et de l’image pouvait rendre aussi bien. On n’en sort la tête pleine de rythmes mais aussi gavé d’une réflexion qui dépasse de loin le cadre de la musique.  

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