lundi 21 août 2023

Les Eternels, Chloé Zhao, 2021


Résumé 

Des super-héros envoyés sur Terre pour protéger l’humanité contre des créatures immondes   réalisent que leur mission est un leurre et que la planète sera bientôt détruite par leur faute. 




Critique

Proposition audacieuse, tant dans sa forme que dans son contenu, Les Éternels jetaient un pavé dans la marre du MCU en 2021 avec de nouveaux personnages relevant davantage de la mythologie greco-romaine que du film de super-héros. On est en présence de demi-dieux avec des enjeux de santé mentale, croulant sous le poids des souvenirs, 5000 ans de doutes, de violence, de deuils et condamnés de surcroît à accomplir une mission qui n’a plus de sens à leurs yeux, déçus par l’évolution de l’humanité.  




Si la recette est parfaitement respectée dans sa forme (batailles titanesques, touches d’humour, climax en crescendo), rarement a-t-on vu  des héros aussi affligés au MCU et les choses ne s’améliorent pas en apprenant qu’ils préparent sans le savoir la fin du monde depuis 7 000 ans.  Chloé Zhao, qui signe le scénario et la réalisation, aborde ses thèmes de prédilection : les vies cabossées, la dépression, la perte de sens, la charge mentale des femmes.  Il y a quelque chose de Nomadland dans Les Éternelles. Zhao garde sa griffe, on sent qu’elle a eu les coudées franches. 




Tourné en grande partie dans des paysages naturels, aux quatre coins du monde, la réalisatrice  tente de s’affranchir de l’univers en CGI des autres films, ce qui n’empêche pas les effets spéciaux de pleuvoir du début jusqu'à la fin. Malgré tout, les grands espaces filmés dans toutes leurs splendeurs servent bien l’ambiance si on admet les costumes en Spandex au milieu le désert mésopotamien 1000 av. J.-C. Les références bibliques sont nombreuses d’ailleurs et  la cosmologie reliant les Eternels à leur Créateur frôle l’ésotérisme. Le Dieu auquel ils obéissent a des allures de robot géant, l’intelligence artificielle prend une dimension spirituelle. Les lumières blafardes de l’aube remplacent les couleurs vives des Avengers.  Ici, pas de caméos du MCU, pas de trame convergente, même les extras au générique mettent en scène de nouveaux personnages, on est ailleurs tout en respectant les règles du genre, on renoue avec des valeurs traditionnelles après avoir surfer la vague Woke. Reste à savoir si Marvel poursuivra dans cette voie après les recettes décevantes du premier tome et le déclin de la franchise dans son ensemble. 




J’ai aimé cette proposition qui s’adresse à un public adulte, essayant de concilier super-production et cinéma indépendant, un risque non-négligeable pour une production aussi coûteuse. Le résultat est inégal, desservi par son obligation morale de cocher toutes les cases. Il n’empêche que Les éternels méritent d’être défendus.   




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