lundi 21 août 2023

Les hommes de ma mère, Anik Jean, 2023


Résumé

Une jeune trentenaire mal dans sa peau doit contacter les 5 ex-maris de sa mère défunte pour les  inviter à disperser ses cendres dans un endroit de leur choix et en sa présence. 




Critique

La bande-annonce ne m’inspirait pas confiance. Je m’attendais à un film à sketchs un peu mélo.  J’avais tort ! Le film d’Anik Jean est solide, bien construit avec des interprétations de très haut calibre. La magie opère en grande partie grâce à Léane Labrèche-Dor. Son personnage est porté par des motivations qui ne lui appartiennent pas forcément et ce rapport ambigüe avec elle-même s’imprime en clair-obscur sur le visage de la comédienne. Ses répliques souvent abrégées nous touchent droit au coeur. C’est à coup sûr l’une des plus belles performances de l’année. 




L’ambiance est particulière et le non-dit occupe une place importante. Avoir 5 beaux-pères impliquent une vie mouvementée et comme la mère vient de décédée et qu’on évoque surtout les bons souvenirs, les acteurs n’ont que leur visage pour révéler la face cachée de leur mariage raté. Benoit Gouin est celui qui m’a le plus ému. Propriétaire de bar un peu paumée, il compense son manque d’éducation par une authenticité émouvante. On comprend pourquoi Anne l’avait épousé. Les personnages sonnent vrais, leur amertume en devient belle et les comédiens arrivent à nous émouvoir, souvent dans des moments de silence. 




L’autre force du film réside dans sa structure. Les 5 rencontres sont morcelées à travers le quotidien d’Elsie qui a d’autres chats à fouetter. Si son histoire d’amour avec  Gaby (Jean-Simon Leduc) semble un peu plaquée, elle module bien l’évolution psychologique du personnage confronté subitement à ses vraies motivations. Il est beaucoup question du pardon et au lieu de verbaliser la chose, l’apaisement provient plutôt de la manière dont les histoires se recoupent. À mesure que les personnages se dévoilent, nous ressentons avec Elsie cette bienveillance que nous inspire  souvent le passé douloureux des gens qui nous entoure.  




Les films qui repose sur de grandes performances nous font parfois oublier le travail des artisans. Il faut souligner la réalisation d’Anik Jean qui filme ses comédiens avec une tendresse évidente, captant la lumière de leur jeu. Le scénario de Maryse Latendresse brille par son authenticité. J’avais vu le film Stealing Home (1988) sur le même sujet, je m’attendais à quelque chose de similaire : honnête sans plus. Loin des clichés hollywoodiens, Les hommes de ma mère éveille en nous un profond sentiment d’appartenance, peut-être parce que c’est une oeuvre québécoise, mais surtout parce que le film touche à quelque chose d’essentiel.  4/5. 





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