Nope, Jordan Peele, 2022

Résumé

Avant de pouvoir alerter l’opinion publique sur la présence d’extra-terrestres autour de leur ranch, des éleveurs de chevaux tentent d’obtenir une preuve visuelle du phénomène. 

Critique

Quand j’étais jeune, Rencontre du troisième type était un film-évènement. Spielberg nous présentait de manière réaliste un éventuel premier contact entre l’humanité et les extra-terrestres. Il utilisait l’anticipation pour rendre le phénomène encore plus crédible. On voyait des traces de leur passage, de plus en plus significatives,  avant l’ultime rencontre, alors que les spectateurs s’identifiaient pleinement à l’émotion vécue par les personnages.  

Beaucoup de films ont tentés de reproduire ce schéma narratif, mais bien peu y sont parvenus. Parmi ceux qui s’illustrent mentionnons Signs de  M. Night Shyamalan, mais là où Spielberg terminait sur une apothéose, Shyamalan conclue sur une métaphore de baseball un peu banale. Il aura fallu attendre 20 ans pour que surgisse un challenger digne de ce nom : Nope !

Je ne suis pas un fan de Jordan Peele, du moins je ne l’était pas. Avec Nope, il parle un langage que je connais et ne manque pas de souffle.  Peele interroge notre rapport à l’image, celles qui deviennent virales, celles qui passent inaperçues et ultimement l’image du père, notre vision du monde. Ici. L’anticipation repose sur la difficulté d’obtenir une image claire de l’extra-terrestre, on passe tout le film à désirer cette clarté. À la différence de Spielberg, Peele utilise le schéma pour porter un regard critique sur la société américaine, il vise moins le sublime que le choc des idées. 

Avoir une finale à la hauteur, c’est le grand défi. Doublant Shyamalan au passage, le réalisateur de Get Out ose l’apothéose sans dénaturer son propos, transcendant sa propre image, la suite logique après avoir chevaucher tous les genres, du western à l’horreur. Certains spectateurs pourraient ne pas apprécier les scènes d’obscurité et le flou, ça fait partie du concept et du propos : rester vigilant.  

4.5/5