lundi 21 août 2023

 The thing, John Carpenter, 1982



La l’effroyable Chose a-t-elle une personnalité ?


Résumé

En Antarctique, les membres d’une station scientifiques sont confrontés à une créature polymorphe dont les mutations effroyables peuvent imiter toutes formes de vies. 




Commentaires

Sorti en 1982, The Thing de John Carpenter repoussait les limites de l’horreur. Sa Chose était un extra-terrestre sans visage ni forme particulière, mais si hideuse et sanglante que l’imagination du spectateur ne savait plus où donner de la tête. Allez savoir pourquoi, en revoyant le film pour une énième fois, je me suis intéressé au sort de la créature, allant jusqu’à me demander si elle avait sa propre personnalité. Il m’a toujours semblé que oui. 




La créature de Carpenter entre dans la catégorie des Body Snatchers, des extra-terrestres capables de prendre forme humaine. En 1978, L’évasion des profanateurs de tombes de Philip Kaufman faisait sensation : Donald Sutherland assiste impuissant à l’assimilation complète de San Francisco en quelques jours. Ici, pas de gore et très peu de violence. Tout est aseptisé,  les mutations se font hors-champ, durant le sommeil. Au petit matin, votre voisin sort de chez lui comme d’habitude, seuls ses proches le trouve un peu bizarre, il n’a plus d’émotions, il les imite.  Notons que les deux films sont des remakes, donc des imitations, mais passons.




John Carpenter fait le pari contraire. Rien n’est aseptisé. Sa créature est hideuse, sans forme précise, d’où son qualificatif de La Chose. Ses mutations génétiques sont horribles, mais suffisamment créatives pour faire sourire le spectateur (qu’on pense à la tête humaine avec des pattes d’araignée ou la cage thoracique se muant en mâchoire), ces images-chocs ont pour fonction d’amuser les cinéphiles en quête de gore. Pas question d’assister à une assimilation  discrète, la créature de Carpenter est grossière et violente, ses imitations sont vites démasquées, le jeu ici consiste à repousser les limites de la difformité. Et qui dit difformité dit souffrance.




Nous sommes en présence d’un polymorphe en mutation constante. C’est d’ailleurs sa principale faiblesse : ses imitations, parfaites en apparences, s’avèrent instables. La créature peine à survivre. Les Norvégiens ont failli l’avoir et les Américains lui en font baver. Elle est hideuse certes, mais vulnérable. On l’entend crier à plusieurs reprises. Outre l’effet dramatique, ces complaintes synthétiques, jubilatoire pour le spectateur, évoquent le désespoir. Ce n’est plus le communisme qu’elle représente comme ses prédécesseurs, mais la barbarie à l’état pur, l’anarchie, notre soif de bains de sang. 




The thing est un croisement entre Alien, Body Snatchers et le Loup-garou de Londres, des films à succès à la fin des années 70 qui ouvraient la voie aux créatures polymorphes et aux transformations spectaculaires. Carpenter ne se contente pas de multiplier les effets gores, il donne à sa Chose un destin tragique, elle souffre, elle a peur et toutes ses imitations finissent au lance-flamme. Le combat est épique, chaque vie perdue déclenche une riposte immédiate très satisfaisante pour le spectateur.  Les images évoquées auraient pu devenir risibles, Carpenter frôle le grotesque, mais l’évite en développant une réflexion sous-jacente sur les mécanismes du gore. Notons qu’avec les effets spéciaux de 1982, c’est un véritable exploit. 

4.8/5  





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