lundi 21 août 2023

 Les tricheurs, Louis Godbout, 2022

RÉSUMÉ

Alors qu’ils entreprennent une partie sur un terrain de golf luxueux, trois amis acceptent que se joignent à eux un inconnu dont on devine rapidement qu’il n’est pas là par hasard. 

 



CRITIQUE

Dans les sous-genre de la comédie, le jeu de massacre est l’un des plus difficiles à transposer à l’écran, en partie à cause de ses origines théâtrales, mais surtout parce que sa structure est très codifiée : sur un prémisse souvent idyllique, des personnages en apparence sans reproche vont révéler leur part d’ombre à mesure que la situation s’envenime.  Parmi les réussites, citons Carnage de Roman Polanski (tiré d’une pièce de théâtre de Yasmine Reza) et plus récemment Le menu de Mark Mylod.  Au Québec aussi nous avons nos classiques du genre avec Les Voisins de Claude Meunier & Louis Saïa ou encore Les beaux dimanches de Marcel Dubé. 




Il ne fait pas de doute que le synopsis des Tricheurs de Louis Godbout était prometteur. Sans gâcher les surprises, disons que l’intrigue basée sur un enjeu d’actualité et le caractère propre à chaque personnage avaient tout pour virer au jeu de massacre jubilatoire. Dans les faits, la comédie à tout prix vient gâcher une histoire plutôt dramatique, ce qui occasionne des ruptures de ton difficile à avaler. Il y a bien quelques touches d’humours qui s’imbriquent habilement à l’ensemble, surtout des répliques, mais le film multiplie les gags visuels, proches du slapstick, qui collent mal au récit d’autant qu’ils n’ont aucune incidence sur le développement de l’intrigue, donnant l’impression d’avoir été ajoutés après coup.




L’intérêt du film repose en grande partie sur ses acteurs, tous excellents, à commencer par Benoit Gouin qui joue le mâle alpha stoïque en toutes circonstances, mais dont le jeu et particulièrement les yeux trahissent son inquiétude, voire sa panique, ce qui donne lieu à des moments franchement amusants. Steeve Laplante dans le rôle de l’Omega force la sympathie, d’autant que c’est lui qui doit se dépatouiller avec la plupart des gags visuels sus mentionnés.  Alexandre Goyette est mystérieux à souhait, le lourd passé de son personnage contenu dans ses sourires méditatifs. Quant à Christine Beaulieu, elle excelle dans le rôle de la séductrice qui s’efforce de rester au dessus de la mêlée. Louis Godbout prend d’ailleurs un malin plaisir à la filmer dans toute sa beauté. 




En sommes, si l’on fait abstraction de ces sketches un peu plaqués à l’histoire qui semblent servir surtout à allonger la durée du film pour atteindre les 90 minutes, on ne s’ennuie du tout et au final on passe un bon moment. 3/5





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